49ème Congrès des Maires de l’Isère, le 14 octobre 2006 à Allevard-les-Bains

Publié le par J'informe

Allocution de Philippe LANGENIEUX-VILLARD
Maire d’Allevard-les-Bains
 
 
Monsieur le Président de l’Association des Maires de l’Isère, cher Daniel,
Monsieur le Préfet,
Monsieur le Président du Conseil Général,
Mesdames, Messieurs les Parlementaires,
Mesdames, Messieurs les Maires, Adjoints, Elus,
 
 
A toutes et à tous, au nom de notre Communauté de communes et au nom d’Allevard :
Je vous souhaite la bienvenue.
 
Bienvenue dans le Grésivaudan de l’invention
Bienvenue dans Belledonne de l’imagination
Bienvenue dans ce territoire d’où vous saluent :
 . Vauban et son Fort
 . Le Docteur Niepce et ses patients célèbres, parmi lesquels Colette, Edouard Herriot
 . J. Payerne, natif de la montagne de Theys, et pourtant inventeur du sous-marin
 . L’explorateur Doudar de l’Agrée
 . Le père Didon Denon
 
Mais aussi : Christine Goitschell, Jean Béranger, Emmanuel Le Roy Ladurie, et les 15 000 habitants de nos communes.

Bienvenue donc aux mairitants que vous êtes.
Bienvenue à cette fête des Maires.
 
Nous vivons tous la même aventure. Et si mes soucis ne sont pas uniques, les vôtres ne sont pas singuliers.

 « Quel avenir pour nos communes ? » s’interroge, dans une formulation amicalement provocatrice, le bureau de l’AMI.
Permettez que j’y réponde d’emblée à l’envers : quel avenir sans nos communes ?
 
-         Quelle que soit sa taille, une mairie c’est une lumière allumée dans la rue, et souvent la dernière,              quand les commerces ont disparu
quand l’école a fermé
quand le bureau du poste est parti
 
-         Dans une société de plus en plus virtuelle, de plus en plus anonyme, où l’on sait mieux ce qui se passe à l’autre bout du monde que chez son voisin, peut-on envisager que la décision publique n’ait plus de visage ?
 
-         Au moment où le politique est déconsidéré comme jamais et le citoyen découragé comme toujours, au moment où l’indifférence à la démocratie remporte chaque élection, faut-il éliminer du paysage l’élu le plus populaire, le plus proche, le plus efficace ?
 
On le voit bien, et nous l’entendons tous :
 
L’avenir sans les communes, c’est :
-         un avenir sans dialogue,
-         sans responsabilité,
-         sans mobilisation.
 
J’entends tous ceux qui disent : « Mais il y a trop de communes en France. Il y en a autant en France que dans le reste de l’Europe ». Ont-ils entendu les appels des populations allemandes, tchèques, anglaises, qui réclament davantage de communes ?
 
Il faut donc conserver nos communes.
L’Europe n’est pas modèle en tout.
 
Mais attention aussi, à la course à l’armement institutionnel qui tue la lisibilité de la décision publique, avec ses syndicats intercommunaux, communautés de communes et d’agglomérations, pays, cantons, départements, régions … Course fortement suggérée par l’administration qui ne rencontre jamais le citoyens, et profitera de la confusion pour contester nos territoires et nos compétences. Attention donc à ne pas attaquer la seule institution comprise et appréciée des français : la commune et son conseil municipal.
 
Donc, j’ai la certitude que l’avenir s’écrira avec et grâce à nos communes, avec et grâce à vous.
 
Il faut que l’Etat l’entende bien :
 
Une jolie carte en couleur, où les intercommunautés se côtoient dans l’harmonie des teintes, sans trou ni blanc, ça ne règle :
-         Ni la sécurité des gens,
-         Ni l’efficacité sociale
-         Ni le dynamisme associatif, économique
 
Cela fait joli vu de haut, propre et organisé. Ca fait rangé.
Est-ce efficace vu de près ?
 
L’Etat est souvent tenté de nous contraindre, peut-il être néanmoins attentif à nous comprendre ?
 
Quand, par exemple, l’Etat arrêtera-t-il d’augmenter les bases de nos impôts sans nous consulter ?
Quand acceptera-t-il d’informer les Maires avant la rentrée scolaire, de ses décisions d’ouverture ou fermeture de classe ?
Quand décidera-t-il de mettre la complexité derrière ses bureaux plutôt qu’en face du citoyen ?
Quand préfèrera-t-il nous conseiller plutôt que nous contrôler ?
 
A force d’être plus lourde, l’administration est de plus en plus impuissante à impulser, de plus en plus efficace pour nous freiner !!
 
Oui, Monsieur le Préfet, dites à vos services de nous faire confiance, comme les citoyens nous font confiance.
 
Ne craignez          - ni la liberté
- ni l’initiative
- ni l’expérience, l’expérimentation
- ni le dialogue.
 
Nous sommes la France qui invente,
Nous sommes la France qui soigne les plaies des plus fragiles.
Nous sommes la France qui investit
 
Il faut que le Conseil Général l’entende bien :
 
Lorsqu’il installe entre lui et nous l’hygiaphone des pays, ce paravent contre les sollicitations communales, il ne doit pas espérer pouvoir s’exonérer des interventions qu’il doit au territoire dans sa diversité,
 
-         s’il prive 80 % de la population des subventions d’assainissement, il ne peut plus se dire défenseur de l’environnement
-         s’il se désengage en matière de transport, il ne put plus se dire solidaire
-         s’il ne finance que l’emploi higt tech, oubliant le soutien aux activités non délocalisables, il ne peut plus se dire prévoyant
-         s’il néglige les moyens de ses assistantes sociales, il ne peut plus se dire généreux.
 
Nous entendrons sans doute tout à l’heure que le département n’envisage aucun de ces mauvais scénari, et tant mieux.
 
Et, en tout état de cause, bravo au Conseil Général, à chaque fois qu’il nous réunit et nous entend.
 
Mes chers collègues, fallait-il monter sur cette tribune pour se taire ?
Je me méfie du silence.
Il entraîne l’illusion de l’unanimité. La plupart des décisions absurdes, prises collectivement, résultent d’une tentation au silence.
Et plus le processus avance, plus on devient traître à dénoncer ce qui nous choque.
 
Je ne m’y résous pas.
Et forcément, personne parmi nous.                                                    
 
Il faut enfin que chacun de vous l’entende bien :
 
Nous sommes des médiateurs.
-         Médiateurs entre l’incompréhension des lois et les besoins des gens,
-         Médiateurs entre les précautions administratives et les urgences humaines,
-         Médiateur entre les refus d’en haut et les aspirations d’en bas.
 
Nous sommes des mairitants.
 
Mesdames et Messieurs les Maires, la France a besoin de vous et elle vous aime !

Publié dans Actualité

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
J
Très bon discours Monsieur Langenieux-Villard.
Répondre
A
J\\\'avais entendu parler de ce discours qui avait fait forte impression sur les Maires et j\\\'ai été trés heureux de le lire: je n\\\'ai pas été décu ! Ni par la forme ni par le fond.<br /> <br /> Bravo et amitiés,<br /> <br /> Alain Carignon
Répondre