49ème Congrès des Maires de l'Isère

Publié le par François Brottes

Allocation de François BROTTES

Député de la 5ème circonscription de l'Isère

Monsieur le Maire d’Allevard,

Monsieur le Président de l’Association des Maires de l’Isère,

Monsieur le Préfet,

Madame, Messieurs les parlementaires,

Messieurs les Conseillers Généraux, Régionaux,

Mesdames Messieurs les Maires et Adjoint,

Mesdames Messieurs les Présidents de Communautés,

 

Inutile de vous rappeler que c’est l’une des plus belles circonscriptions de l’Isère, qui vous accueille aujourd’hui, dont le Pays d’Allevard constitue l’un des fleurons les plus renommés.

 

D’abord, parce que avec le thermalisme c’est un pays qui soigne pour éviter d’avoir à guérir, je le dis pour le président de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie.

 

Ensuite parce que c’est un pays d’accueil, de soleil enneigé, de tourisme vert et doux, qui a le cœur grand comme une bergerie laquelle a depuis longtemps fait son choix entre les agneaux et les prédateurs.

 

C’est un pays d’histoire au service de nos révolutions industrielles à l’époque où le religieux ne se contentait pas d’être contemplatif, puisqu’ils forgeaient l’avenir.

 

C’est donc une tradition républicaine, et je vous remercie, Monsieur le Président Vitte, de donner la parole au député du cru lors de votre assemblée, et ce n’est donc pas la première fois que j’ai l’honneur de m’exprimer à la tribune du congrès des maires et adjoints de l’Isère.

 

5 minutes pour évoquer très rapidement, 5 facettes de la fonction de maire : cet éternel expert à tout faire, responsable de tout, et coupable du reste.

 

5 minutes pour dire à chacune et chacun d’entre vous mon admiration, ma reconnaissance, vous qui êtes : les chargés de toutes les missions et souvent de résoudre tous les « emerdements ».

 

La première image à partager, c’est la fierté de Jean-Claude Paturel, lorsqu’il avait accueilli votre congrès à Crolles, encore l’occasion pour moi de lui rendre hommage, comme on rend hommage à celles et ceux qui partent trop tôt, en cours de route, avec ce sentiment qu’ils nous laissent de ne pas avoir eu le temps de les remercier et surtout de ne pas leur avoir laissé le temps de finir ce à quoi il tenait comme il me le disait parfois. 

 

 

Je vous le dis à mon tour prenez aussi le temps de penser à ceux qui vous entourent, à vos proches, après tout ce n’est pas désagréable une réunion de famille entre deux réunions de quartiers.

 

 

La deuxième image qui me vient à l’esprit c’est ce rendez-vous au ministère de la culture lors d’une démarche commune avec le Maire d’Allevard pour plaider le dossier du Musée et lui faire obtenir le label, Musée de France, finalement obtenu parce que totalement mérité.

 

 

Une réunion comme 1 000 autres, où il faut expliquer pied à pied pour convaincre pas à pas.

 

Une rencontre comme 1 000 autres, sur ces chemins semés d’embûches où il y a tant de découragement qui nous attend, parce que les budgets sont épuisés, parce que le dossier est incomplet, parce que le courrier n’est pas arrivé à l’heure, parce que tous les critères ne sont pas respectés, bref vous le savez tous, pour vous dire non, certains sont les champions du mot d’excuse déjà tout prêt.


Et à travers cet exemple, je veux rendre hommage à la pertinence du savoir convaincre, celui qui est respectée par tous ceux qui comptent sur vous, qui y croient avec vous, et que votre devoir vous impose de ne pas décevoir.

 

Et même, s’il n’est pas dit qu’ils vous diront merci, vous et votre équipe avaient la satisfaction de la mission publique accomplie.

 

Le troisième élément que je voulais évoquer, c’est celui du transfert incessant de compétences qui fait qu’on finit par avoir du mal à s’y retrouver et que par ailleurs, à force de « charger la mule » on a du mal à avancer.

 

La règle est connue, elle est simple : pour le département qui reçoit de l’Etat, les routes, le RMI, ou les personnels de l’éducation nationale, le compte n’y est pas, de même que la contribution pour le SDIS ou le contingent d’aide sociale de la part des communes elle non plus n’est pas revalorisée, tant mieux pour les communes ! Alors ici nous avons par exemple un débat difficile pour la constitution d’une AOTU à l’échelle du pays du Grésivaudan.

Transférer la compétence transport du département vers le territoire.

 

-         Les avantages sont évidents : gestion du service mieux adaptée, car géré au plus près du terrain, mise en place d’une péréquation entre la plaine et la montagne, meilleure coordination avec les autres organisateurs de transports, comme la région par exemple.

 

-         Inconvénients : transfert de certaines charges, sans indexation du financement qui les accompagnent, pour compenser et améliorer le service, comme c’est donc devenu la règle, (et l’Etat est expert en la matière) et puis prélèvement d’un nouvel impôt, le versement transports.

 

Ici, nous sommes à l’heure du choix, alors c’est vrai, il y a toujours une élection qui arrive pour vous dire que c’est trop tôt, mais là encore, je crois que notre rôle, notre obstination, doit être de privilégier ce qui est bon pour nos populations.

 

La quatrième image est celle d’un clin d’œil à la théorie du « vol d’oiseau » qui accable depuis trop longtemps les montagnards.

 

Je suis encore pour quelques jours le Président de l’Association Nationale des Elus de la Montagne, et je veux dire devant vous, là encore, mon admiration pour ces élus ruraux d’un genre particulier qui doivent savoir, la nuit, détourner les crues torrentielles comme en Belledonne l’an dernier, construire des équipements publics dans la pente, prier pour que la neige tombe en faveur du tourisme, et subir les foudres des néo montagnards dès qu’il y a trop de neige.

 

Les élus de ces territoires dédiés à la préservation de la nature et de la biodiversité se démènent au milieu des cartes de tous les risques naturels pour essayer de faire vivre leurs communes sans qu’elles ne deviennent des réserves d’indiens.

 

Alors la théorie du « vol d’oiseau », n’a rien à voir avec la coupe Icare , ou la chasse à la palombe, pratiquée dans d’autres Landes.

 

C’est la théorie qui consiste pour l’administration, parfois par la faute du législateur, à considérer la distance d’un point à un autre, en tirant tout droit sur une carte : la distance à vol d’oiseau entre 2 groupes scolaires pour savoir lequel on ferme, la distance à vol d’oiseau entre 2 bureaux de poste, pour savoir lequel on supprime, ou encore la distance à vol d’oiseau, entre le domicile des parents et l’université pour savoir si un étudiant a droit ou non à une bourse d’études.

 

Chacun le sait, le vol d’oiseau en montagne, sauf à utiliser un parapente, mais ça ne marche qu’en descente, n’est jamais le chemin qu’on emprunte pour fran chir un col, pour contourner une route victime d’un éboulement ou poursuivre les dizaines de virages qui vous obligent à raisonner en heure plutôt qu’en kilomètre.

 

Je veux le dire ici à tous les maires ruraux, il faut accepter la différence de traitement des communes de montagne, il y a une vrai spécificité qui lorsqu’on la connaît est une évidence mais qui vu de Bretagne ou de Picardie apparaît comme un privilège injustifié. Je reste favorable à la discrimination positive sur ce terrain là.

 

Et enfin, mon dernier message sans abuser de votre attention plus longtemps, concerne le service public en général, et mon inquiétude forte face à la libéralisation qui s’impose à toutes les étages de nos fondamentaux républicains.

 

-         Combien de temps, allons-nous conserver le prix unique du timbre, qui grâce à la péréquation donne le même droit à une lettre d’où qu’elle soit expédiée ?

 

-         Combien de temps, allons-nous conserver les tarifs administrés dans le gaz et l’électricité qui protègent nos communes et nos administrés de la folle spéculation du marché de l’énergie ?

 

-         Combien de temps, allons-nous encore pouvoir parler de concession de service public dans nos communes, alors que la directive sur les services d’intérêt économique général vient d’être abandonnée dans son principe même par le parlement européen ?

 

 

Il faudra, je le crains, bientôt ouvrir un musée de la péréquation et de l’égalité des chances des territoires et on nous expliquera, comme c’est déjà le cas pour les télécommunications que tout le monde a les mêmes droits grâce à la logique de la libéralisation puisque même les petites communes peuvent devenir opérateurs des télécommunications si elles ne trouvent pas leur bonheur parmi les acteurs du marché.

 

Voilà les 5 petits messages que je souhaitais faire passer ce matin.

 

Je ne veux pas personnellement me résigner à ce que les plus pauvres aient le droit de payer, ce que les plus riches obtiennent gratuitement.

 

Après tout un congrès doit être aussi un moment d’indignation positive ! !           je vous souhaite un bon travail collectif et aussi un excellent séjour en Belledonne et au pays d’Allevard. Je vous remercie de votre attention.

 

 

 

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